Je voyais, la semaine dernière, dans La
Presse, le «poster» qu'une association gay veut placarder partout à
travers la ville dans le but de prévenir le
sida et de diminuer l'homophobie. À mon sens, l'auteur du poster rate ses deux
objectifs.
D'une part, je ne vois pas en quoi ce poster
prévient le sida. Normaliser l'homosexualité encourage une certaine pratique
sexuelle qui, preuves scientifiques à l'appui, privilégie la transmission de la
maladie. Il aurait donc été plus approprié d'encourager les homosexuels à se
protéger en ayant recours au condom. Malheureusement, le poster ne fait aucune
allusion à cet égard.
D'autre part, en présentant deux hommes
souriants et en parlant de grand amour, terme généralement associé à une
relation hétérosexuelle, le poster choque. Je ne fais ici aucun jugement de
valeur à savoir si le poster devrait choquer ou non. Je me contente d'observer
que le poster choque et que choquer la population n'est pas la meilleure façon
d'attirer sa sympathie. Encore une fois, il aurait été plus efficace
d'exploiter par exemple le thème de l'homosexuel victime de discrimination au
travail.
Finalement, le message du poster me laisse
fort perplexe. L'amour d'un couple prend souvent plusieurs mois à se bâtir,
sinon plusieurs années, mais certainement pas deux jours. Le terme «amour»
auquel réfère l'auteur semble donc plutôt faire office d'euphémisme pour
«activité sexuelle» et le grand amour, d'activité sexuelle intense. Jusque-là,
tout va bien, mais c'est le mot «déjà» qui dissone.
Il laisse supposer à tort ou à raison qu'une
relation homosexuelle de deux jours serait «déjà» longue. Le
corollaire de cette hypothèse est que la
majorité des relations homosexuelles ne dureraient qu'une seule nuit. Or, nul
ne viendra nier qu'une relation d'une nuit est davantage stimulée par des fins
sexuelles que sentimentales, et ce, que le couple soit homosexuel ou
hétérosexuel. L'auteur du poster rate encore son coup s'il tentait de nous convaincre
que la différence homosexuelle n'est justement pas uniquement sexuelle, et que
deux gays peuvent vivre une relation sentimentale complète.