Thursday 1 February 2018

Tirer ou ne pas tirer, là n'est pas la question




Le palais de justice de Maniwaki a été le théâtre d’un autre triste épisode de violence policière. Plusieurs gardiens étaient en train de mater un détenu récalcitrant. Était-il opportun de lui tirer une balle dans la tête? Le gros bon sens suggère que non.

Pourquoi donc nos agents de la paix manquant-ils si souvent de jugement? Personne ne veut admettre que la réponse se trouve dans la formation qu’ils reçoivent et dont les principes nous proviennent directement de nos voisins du sud. Hélas ces derniers semblent encore trop attachés à l’époque du far West.

Essentiellement, on ne forme plus les policiers à utiliser leur jugement. On leur demande de choisir entre deux situations lors d’une altercation : leur vie n’est pas en danger ou bien leur vie est en danger. C’est blanc ou noir. Dans le premier cas, ils ne doivent pas utiliser leur arme à feu. Dans le second cas, non seulement, ils doivent l’utiliser mais en plus, ils doivent tirer pour tuer, et donc viser le cœur et/ou la tête. C’est tristement ce que l’on enseigne.

Hélas, mise à part les films d’Hollywood, la vie n’est pas noire ou blanche mais plutôt une multitude de teintes de gris. Pourquoi ne pas dégainer plus souvent mais viser moins souvent les organes vitaux? Dans 90% des cas, un coup de feu dans les jambes fera bien l’affaire et ne mettra pas en danger la vie du forcené.

J’entends déjà les défenseurs du système actuel le justifier ne serait-ce parce qu’il réduit de 1% le risque de décès d’un policier en fonction.  Que fait-on du risque de décès de la personne arrêtée? La vie d’un policier vaut-elle 100 fois plus chère que celle d’un criminel? Certains métiers comportent des risques naturels et il faut les accepter. Un pompier peut mourir alors qu’il combat un incendie. Il arrive même qu’un ouvrier meurt sur un chantier de construction. Notre société fait tout ce qu’elle peut pour prévenir ces drames mais ne pourra jamais réduire le risque à zéro. Veut-on vraiment mettre toute la population en danger pour tenter de réduire à néant le risque du policier?

C’est à nous de répondre à cette question comme société nord-américaine certes mais distincte des États-Unis. Nos valeurs ne sont pas les leurs. Aussi la formation de nos policiers devrait refléter nos valeurs, pas les leurs.

Romain Gagnon, ing.
Longueuil