On dit de
la démocratie que c’est le pire système politique... à l’exception de tous les
autres. Quand on suit les événements en Syrie, on ne peut que se réjouir
d’habiter dans un pays démocratique. Toutefois, avec le dérapage de la crise
étudiante, il faut bien admettre que notre système politique est encore perfectible.
Le gel des
frais de scolarité est une cause noble pour laquelle j’ai moi-même milité alors
que j’étais leader étudiant. Néanmoins, les méthodes qu’utilisent maintenant
les étudiants pour revendiquer leurs droits sont moins nobles tout comme l’intransigeance
de leurs nouveaux leaders. Les pertes économiques engendrées par les
manifestations dépassent plusieurs fois l’enjeu économique des frais de
scolarité. Ça ne fait plus aucun sens. S’il fallait prendre la population en
otage à chaque décision impopulaire du gouvernement, l’anarchie s’installerait
rapidement et c’est justement le fantasme de plusieurs groupuscules politiques.
D’aucuns me
diront que la crise sociale actuelle dépasse largement la cause étudiante et
ils ont raison. Néanmoins je doute fort de l’efficacité d’un tel mouvement
éclectique qui tire à tous azimuts. Il faudrait que le mouvement focalise ses
revendications autours d’un sujet à la fois. Disons, par exemple, la
corruption. Dans ce cas précis, j’irais jouer de la casserole moi-aussi. Or il
est peu probable que ce pot-pourri de frustrés de la société accouche d’un
discours cohérent.
Hélas, la
démocratie favorise ceux qui parlent le plus fort et non forcément ceux qui
parlent le plus intelligemment. Les intérêts des gens les plus productifs dans
la société sont souvent mal représentés pour la simple raison qu’ils n’ont pas
le temps de manifester; ils doivent travailler pour nourrir ceux qui
manifestent.
Actuellement
au Canada, tous les citoyens majeurs ont le même droit de vote qu’ils soient
sur l’aide sociale ou bien qu’ils payent une fortune d’impôt. L’heure est
peut-être venue de remettre en question ce sacro-saint principe. Pourquoi
serait-il si odieux d’accorder plus de poids à l‘opinion politique d’un citoyen
qui s’est démarqué de ses pairs de par les fonctions qu’il occupe dans la
société? Aujourd’hui un permis est requis pour conduire une chaloupe à moteur
ou encore des cartes de compétences pour passer le balai sur un chantier de
construction; par contre, n’importe quel analphabète peut voter. Pourtant, la
gouvernance du pays n’est-elle pas un enjeu de première importance?
L’autre
inconvénient de notre système politique est qu’on vote pour un parti au lieu de
voter pour des idées. Par exemple, au Québec, la gauche vient avec la
souveraineté et la droite avec le fédéralisme. Ainsi un entrepreneur en
construction anglophone qui a été injustement écarté d’un appel d’offre public
hésitera avant de voter contre monsieur Charest parce qu’élire le PQ est un pas
vers la souveraineté. Un chef d’entreprise pourtant souverainiste hésitera tout
autant à voter PQ après avoir vu madame
Marois arborer le carré rouge. Au lieu de
voter pour un parti, pourquoi ne pourrions-nous pas voter pour des ministres
individuels? L’équipe ministérielle issue d’un tel vote pourrait ainsi provenir
de plusieurs partis.
Bien-entendu,
ce n’est pas demain la veille qu’un gouvernement osera entreprendre de telles
réformes. En attendant, j’invite tous les manifestants à exercer leurs droits
de façon démocratique, soit en se présentant aux urnes plutôt qu’en empêchant
leurs collègues de suivre leurs cours. J’espère aussi que la majorité
silencieuse votera massivement. Il est temps qu’on sonne la fin de la
récréation.