Wednesday 1 December 2010

Les préjugés sont tenaces à l’égard des pères


Je viens de vivre une situation qui démontre que les préjugés envers les pères de famille sont encore bien réels dans notre société.

Voici les faits. Je suis divorcé depuis 1998 et j’ai la garde partagée de mes deux filles depuis ce moment. Il y a deux ans, ma plus vieille décide toutefois de venir habiter avec moi à temps plein. Ensuite, en septembre dernier, alors qu’elle est maintenant âgée de 19 ans, elle s’en va en appartement à Sherbrooke avec une amie afin d’y faire ses études en droit. Ma plus jeune, maintenant âgée de 16 ans, continue la garde partagée.

J’ai rencontré quelques femmes depuis mon divorce mais pour la première fois la dernière d’entre elles est venue cohabiter avec moi en avril 2008.  Hélas, la relation de couple n’a pas fonctionné et elle est repartie en juin dernier.  Comme ses revenus étaient de loin inférieurs aux miens durant cette période même si elle travaillait à temps plein, elle n’a contribué qu’à une infime part des dépenses de la maison. Dans les faits, les cadeaux que je lui ai faits et les voyages que je lui ai payés dépassaient largement cette contribution. Il va sans dire qu’elle n’a jamais contribué aux dépenses de mes enfants, encore moins à leur éducation. Comme j’ai une femme de ménage, le reste des tâches ménagères était partagé  entre nous quatre. Par ailleurs, c’est moi qui préparais les repas.

Je reçois normalement la prestation fiscale pour enfants (PFCE) de juillet à décembre et le reste de l’année, c’est la mère de mes enfants qui la reçoit à cause de la garde partagée. Cette dernière s’est remariée peu de temps après notre divorce et un autre enfant est née de cette union depuis. Bien que j’aie tout perdu suite au divorce et que mes revenus aient été longtemps inférieurs aux siens par la suite, je n’ai jamais reçu de pension et j’ai toujours payé la moitié des dépenses des enfants incluant l’école privée.

Croyez-le ou non, le 18 novembre, j’ai reçu une lettre de l’Agence du revenu du Canada m’avisant que ma prestation fiscale allait être transférée à ma conjointe de fait dû à la présomption que c’est le parent de sexe féminin qui  est responsable des soins et de l’éducation des enfants. J’ai beau avoir élevé mes enfants seul pendant 10 ans auparavant, l’ARC présume que c’est ma nouvelle conjointe de fait qui a pris leur éducation en charge dès son arrivée dans notre demeure ! J’ai donc appelé à la ligne de renseignement de l’ARC et une fonctionnaire m’a expliqué que je devais obtenir une lettre de renonciation de mon ex-conjointe afin de récupérer mon dû. Et si elle ne voulait pas la signer (parfois les femmes sont mesquines à la suite d’une rupture), alors tant pis pour moi. J’ai tenté de lui faire valoir que cette présomption devrait être non pas en faveur de la femme mais bien du parent biologique indépendamment de son sexe et que je trouvais l’ARC sexiste. Elle m’a répondu froidement que  j’avais droit à mes opinions. Je comprends que ces fonctionnaires à l’information sont embauchés pour expliquer la loi et non la modifier mais ils pourraient quand même faire preuve d’un peu plus d’empathie.

Je n’arrive pas à croire qu’encore aujourd’hui en 2010, le gouvernement Canadien entretient encore des préjugés aussi sexistes envers les pères de famille. Mes conjointes n’ont jamais contribué aux tâches ménagères plus que moi. En plus, c’est toujours moi qui ai préparé les repas (de toute façon, la plupart des femmes modernes ne savent même plus cuisiner). Or tous mes proches amis vivent une situation similaire.

Qu’on ne s’étonne plus qu’un père de famille excédé prenne le pont Jacques-Cartier en otage de temps à autres. C’est tout de même moins pire que de défouler sa frustration à travers la violence conjugale.

Wednesday 26 May 2010

Les méchants hommes


Hélas, un autre drame familial au Québec cette semaine a fait quatre morts dont trois innocents. En effet, ce chauffard qui lundi provoquait deux collisions volontaires en moins de dix minutes agissait sous le choc d’une séparation. À la fin du mois dernier, sa conjointe lui avait annoncé qu’elle souhaitait refaire sa vie avec un autre homme malgré leur relation de 25 ans et leur fils de 4 ans.

Les féministes monteront bientôt au créneau pour dénoncer une fois de plus à quel point les hommes sont violents. Malheureusement, ce message n’aidera en rien à prévenir que de telle tragédie se produisent à nouveau. Nos dirigeants saisiront probablement aussi l’opportunité pour se faire du capital politique en octroyant de nouveaux crédits aux centres d’aide aux femmes victimes de violences conjugales. Malgré toute la sympathie qu’on peut éprouver pour ces victimes, de tels crédits ne contribueront pas à la prévention de la violence.

À mon sens, la première étape vers la prévention est de cesser de toujours chercher un coupable. Quand il y a rupture amoureuse, il n’y a pas de coupable. L’amour dure rarement toute une vie. C’est tout. Or la judiciairisation matrimoniale n’a rien fait pour aider la cause. Policiers, avocats, juges, procureurs de la Couronne…tout le personnel de l’appareil judiciaire est conditionné à penser en noir et blanc : on gagne ou on perd une cause, on est coupable ou non-coupable…. Malheureusement, la psychologie humaine est beaucoup plus complexe que cela : les bons et les méchants n’existent pas vraiment.

La seconde étape est d’admettre qu’un homme qui pose un geste de violence n’est pas nécessairement un homme violent (avis aux Dr Mailloux de ce monde). Plus souvent qu’autrement, un homme qui pose un geste isolé de violence vit en fait une profonde dépression. Or, dans nos préjugés sociaux, on n’admet que le modèle féminin de la dépression; celui-ci se manifeste par le chagrin et la déprime. Pour des raisons que seul le Créateur pourrait justifier (ou la Nature selon nos croyances), la violence devient un mode de communication pour le mammifère mâle en détresse psychologique. Ce n’est donc pas en jugeant les hommes qu’on préviendra la violence mais plutôt en dévouant des ressources afin de mieux comprendre ce mécanisme psychologique, de reconnaitre la spirale de la violence plus tôt dans son processus et de mieux encadrer les hommes à risque. Par « encadrer », je n’entends pas « emprisonner »; la séquestration ne fait que reporter le problème et souvent hélas elle transforme une querelle de couple anodine en drame familial.

On a tort de croire que le sexe fort est masculin. Si l’homme est plus fort physiquement, la femme est en revanche beaucoup solide psychologiquement. Elle se remettra plus facilement d’un échec amoureux. Les statistiques en témoignent : les hommes fraichement divorcés ont un taux de suicide plus élevé que n’importe quel autre groupe social. Dans un film d’Hollywood, les gens violents sont des brutes sans sentiments. Dans la vraie vie, les gens violents sont des êtres fragiles. Ils ont besoin d’aide, pas d’être jugés, et encore moins d’être ostracisés.