Je salue le courage
politique des péquistes pour leur projet de charte de la laïcité mais en même
temps je déplore leur naïveté. Courage parce que ce projet concerne un malaise
social réel que plusieurs préfèrent nier hypocritement. Naïveté car il est
politiquement suicidaire notamment de s’en prendre à un symbole juif, en l’occurrence
ici, la kippa juive.
Disons-nous les vraies
choses : la kippa est un chapeau. Dans un pays où le hockey est religion,
une casquette des Canadiens serait-elle considérée un symbole religieux
ostentatoire? Ne perdons pas de vue que le présent débat social est dû à l’immigration
musulmane et un peu sikh.
Les intentions du
Ministre Drainville sont nobles : il ne veut pas faire de discrimination
entre une religion ou une autre. Pourtant, il existe un concept juridique tout
approprié ici pour justifier la kippa juive et le crucifix à l’Assemblée
Nationale, tout en interdisant le hijab; ça s’appelle le droit acquis. Eh oui, ça
fait des siècles que la kippa juive se porte à Montréal; il est un peu tard
pour l’interdire. Par contre, il est bien légitime d’établir des balises à la
liberté de religion pour les nouveaux arrivants.
Les québécois
partagent les valeurs canadiennes au sujet de la liberté de religion en autant toutefois
qu’elles ne heurtent pas d’autres droits fondamentaux comme l’égalité des
sexes. L’objectif de la charte québécoise devrait être notamment de prioriser
les libertés les unes par rapport aux autres. Oui à l’islam mais non à la charia.
Il ne serait pas
loufoque non plus d’apposer une date de péremption à certains droits acquis.
Par exemple, le retrait du crucifix à l’Assemblée Nationale pourrait être
programmé pour le 1er janvier 2050. Quant à la croix du Mont-Royal,
elle est là pour rester. Il ne s’agit plus d’un symbole religieux mais d’un
élément du patrimoine architectural de la Ville.
Un objectif inavoué de
la chartre est de bloquer aux intégristes l’accès aux postes de pouvoir. En
effet, l’Histoire enseigne qu’on n’est jamais trop prudent avec ces gens. Ainsi
tout individu promu à un poste de pouvoir (policier, gardien de prison, juge…)
ne doit pas afficher sa religion. Néanmoins,
il n’est pas légitime à mon sens de restreindre la liberté d’un individu élu
démocratiquement comme par exemple, un conseiller municipal ou un député.
Bref, Québec devra accommoder
Montréal car, sans la métropole, la Charte perdrait tout son sens.