Nous
n’insisterons jamais trop sur les ravages que cause l’obésité chez les jeunes.
C’est pourquoi, nous les blâmons couramment pour leur manque d’exercice
physique et la malbouffe qu’ils ingurgitent. Toutefois, n’aurions-nous
également, adultes et parents, notre part de faute dans cette pandémie
mondiale?
Bon an, mal
an, il se dépense plus de 30 milliards par année en publicité pour la malbouffe
en Amérique du Nord. On embauche les meilleurs psychologues industriels pour
exploiter les faiblesses psychologiques de nos enfants et adolescents afin de
les rendre dépendants à ce poison. Les industriels ne reculent devant rien pour
laver le cerveau de nos jeunes, y compris construire des parcs d’amusement dans
leurs restaurants ou encore associer leurs produits à leurs héros du cinéma.
Tout parent
connaît la naïveté et la vulnérabilité d’un enfant. Aussi ne faudra-t-il pas
s’étonner de l’efficacité avec laquelle la pub réussit à manipuler les goûts
des enfants. Hélas la plupart des ados occidentaux sont aujourd’hui convaincus
de préférer la poutine au saumon grillé sans se douter un instant qu’on a
reprogrammé leurs sens gustatifs et olfactifs.
Les industriels
ne sont pas les seuls à blâmer. L’école est une institution dont la mission
première est l’éduction de nos jeunes. Pourtant, la cafétéria y sert la même
nourriture pauvre et insipide. De plus, nombre d’écoles ont vendu leur âme au
diable en signant de lucratifs contrats
de distribution de boissons gazeuses dans leurs aires communes.
Les écoles
ne se contentent pas de mal nourrir leurs élèves; elles les incitent en plus à
la sédentarité. Sous prétexte de compressions budgétaires, les heures consacrées
hebdomadairement à l’éduction physique sont réduites. Au nom de leur sécurité,
on empêche les élèves de se chamailler dans la cours de récréation et même,
dans certaines institutions, on leur défend carrément de courir ! Il est
vraiment pathétique d’entendre les directeurs d’écoles défendre ces politiques
administratives avec leur jargon technocrate dernier cri.
Même nous
les parents ne somment pas blancs comme neige. Dans la plupart des couples, les
deux conjoints travaillent et ont moins de temps pour cuisiner ou s’occuper de
leurs enfants. Cette douloureuse réalité combinée à un sentiment de culpabilité
envers les enfants a engendré un nouveau phénomène : l’enfant-roi. Ainsi
la plupart des parents n’osent pas confronter leurs enfants sur leurs choix
alimentaires. De plus, ils acceptent de les reconduire toujours et partout, ce
qui diminue passablement les occasions des enfants de marcher ou de prendre
leurs vélos.
Il y a
vingt ans, la plupart des parents décidaient du menu des enfants. Aujourd’hui,
c’est rendu l’inverse, du moins en apparence. Dans les faits, ce sont plutôt
les industriels qui dictent le menu des enfants via leur publicité. Il est donc
d’autant plus important que les parents mettent leurs culottes et fassent
contrepoids à ce lavage de cerveau industriel. Il ne suffit pas de mettre des
enfants au monde; il faut aussi les amener en bonne santé physique et mentale
jusqu’à l’âge adulte.