Monsieur Pratte,
Si votre article d'aujourd'hui sur la limite de vitesse
est défendable
politiquement, il n'est certainement pas défendable
scientifiquement.
La vitesse ne tue pas.
Prétendre le contraire propage un vieux mythe
urbain. Il n'y a
pas de limite de vitesse sur les principales
autoroutes en Allemagne, et le taux d'accident mortel n'y
est ni
supérieur, ni inférieur au nôtre.
Le ministère des transports de l'Italie a mené une étude
récemment (et
d'ailleurs publiée dans vos pages) qui vient à la
conclusion que les
principales causes d'accident sont dans l'ordre:
l'imprudence,
l'inexpérience, et la mauvaise mécanique. Depuis cette étude, le
gouvernement italien a décidé d'augmenter la limite de
vitesse sur ses
autoroutes qui déjà était supérieure à la nôtre et de
donner des
contraventions aux gens qui roulent inutilement dans la
voie de gauche.
Notre gouvernement devait faire de même.
Votre argument central semble être la distance de
freinage qui augmente
avec la vitesse (plus précisément le carré de la
vitesse). Comme la
distance de freinage moyenne des véhicules a
considérablement diminué
depuis vingt ans, on devrait alors hausser d'autant la
limite de vitesse
afin de suivre votre logique.
En réalité, la différence de vitesse entre les véhicules
sur une
autoroute est beaucoup plus dangereuse que la vitesse
absolue elle-même.
Il y a fort à parier qu'en haussant la limite à 120 km/h,
la vitesse sur
les autoroutes deviendra plus uniforme et ainsi le taux
d'accident
pourrait même diminuer !
Quoiqu'il advienne, je suis personnellement contre toute
augmentation de
la surveillance policière. De tous les pays que j'ai visités, nous
habitons celui où la présence policière sur les routes
est la plus
visible. Or nos
policiers prétendent manquer de ressources financières
pour lutter efficacement contre la fraude, ce qui fait du
Canada le
paradis des fraudeurs.
La mission première du corps policier est de
protéger les citoyens contre les criminels et non pas de
les taxer
davantage. Le
ministère du revenu s'en occupe déjà.