Monday, 25 June 2012

Les limites de la démocratie


On dit de la démocratie que c’est le pire système politique... à l’exception de tous les autres. Quand on suit les événements en Syrie, on ne peut que se réjouir d’habiter dans un pays démocratique. Toutefois, avec le dérapage de la crise étudiante, il faut bien admettre que notre système politique est encore perfectible.

Le gel des frais de scolarité est une cause noble pour laquelle j’ai moi-même milité alors que j’étais leader étudiant. Néanmoins, les méthodes qu’utilisent maintenant les étudiants pour revendiquer leurs droits sont moins nobles tout comme l’intransigeance de leurs nouveaux leaders. Les pertes économiques engendrées par les manifestations dépassent plusieurs fois l’enjeu économique des frais de scolarité. Ça ne fait plus aucun sens. S’il fallait prendre la population en otage à chaque décision impopulaire du gouvernement, l’anarchie s’installerait rapidement et c’est justement le fantasme de plusieurs groupuscules politiques.

D’aucuns me diront que la crise sociale actuelle dépasse largement la cause étudiante et ils ont raison. Néanmoins je doute fort de l’efficacité d’un tel mouvement éclectique qui tire à tous azimuts. Il faudrait que le mouvement focalise ses revendications autours d’un sujet à la fois. Disons, par exemple, la corruption. Dans ce cas précis, j’irais jouer de la casserole moi-aussi. Or il est peu probable que ce pot-pourri de frustrés de la société accouche d’un discours cohérent.

Hélas, la démocratie favorise ceux qui parlent le plus fort et non forcément ceux qui parlent le plus intelligemment. Les intérêts des gens les plus productifs dans la société sont souvent mal représentés pour la simple raison qu’ils n’ont pas le temps de manifester; ils doivent travailler pour nourrir ceux qui manifestent.

Actuellement au Canada, tous les citoyens majeurs ont le même droit de vote qu’ils soient sur l’aide sociale ou bien qu’ils payent une fortune d’impôt. L’heure est peut-être venue de remettre en question ce sacro-saint principe. Pourquoi serait-il si odieux d’accorder plus de poids à l‘opinion politique d’un citoyen qui s’est démarqué de ses pairs de par les fonctions qu’il occupe dans la société? Aujourd’hui un permis est requis pour conduire une chaloupe à moteur ou encore des cartes de compétences pour passer le balai sur un chantier de construction; par contre, n’importe quel analphabète peut voter. Pourtant, la gouvernance du pays n’est-elle pas un enjeu de première importance?

L’autre inconvénient de notre système politique est qu’on vote pour un parti au lieu de voter pour des idées. Par exemple, au Québec, la gauche vient avec la souveraineté et la droite avec le fédéralisme. Ainsi un entrepreneur en construction anglophone qui a été injustement écarté d’un appel d’offre public hésitera avant de voter contre monsieur Charest parce qu’élire le PQ est un pas vers la souveraineté. Un chef d’entreprise pourtant souverainiste hésitera tout autant à voter PQ après avoir vu  madame Marois arborer le carré rouge.  Au lieu de voter pour un parti, pourquoi ne pourrions-nous pas voter pour des ministres individuels? L’équipe ministérielle issue d’un tel vote pourrait ainsi provenir de plusieurs partis.

Bien-entendu, ce n’est pas demain la veille qu’un gouvernement osera entreprendre de telles réformes. En attendant, j’invite tous les manifestants à exercer leurs droits de façon démocratique, soit en se présentant aux urnes plutôt qu’en empêchant leurs collègues de suivre leurs cours. J’espère aussi que la majorité silencieuse votera massivement. Il est temps qu’on sonne la fin de la récréation.