Saturday 14 September 2013

Montréal et la Charte de la laïcité

Je salue le courage politique des péquistes pour leur projet de charte de la laïcité mais en même temps je déplore leur naïveté. Courage parce que ce projet concerne un malaise social réel que plusieurs préfèrent nier hypocritement. Naïveté car il est politiquement suicidaire notamment de s’en prendre à un symbole juif, en l’occurrence ici, la kippa juive.

Disons-nous les vraies choses : la kippa est un chapeau. Dans un pays où le hockey est religion, une casquette des Canadiens serait-elle considérée un symbole religieux ostentatoire? Ne perdons pas de vue que le présent débat social est dû à l’immigration musulmane et un peu sikh.

Les intentions du Ministre Drainville sont nobles : il ne veut pas faire de discrimination entre une religion ou une autre. Pourtant, il existe un concept juridique tout approprié ici pour justifier la kippa juive et le crucifix à l’Assemblée Nationale, tout en interdisant le hijab; ça s’appelle le droit acquis. Eh oui, ça fait des siècles que la kippa juive se porte à Montréal; il est un peu tard pour l’interdire. Par contre, il est bien légitime d’établir des balises à la liberté de religion pour les nouveaux arrivants.

Les québécois partagent les valeurs canadiennes au sujet de la liberté de religion en autant toutefois qu’elles ne heurtent pas d’autres droits fondamentaux comme l’égalité des sexes. L’objectif de la charte québécoise devrait être notamment de prioriser les libertés les unes par rapport aux autres. Oui à l’islam mais non à la charia.

Il ne serait pas loufoque non plus d’apposer une date de péremption à certains droits acquis. Par exemple, le retrait du crucifix à l’Assemblée Nationale pourrait être programmé pour le 1er janvier 2050. Quant à la croix du Mont-Royal, elle est là pour rester. Il ne s’agit plus d’un symbole religieux mais d’un élément du patrimoine architectural de la Ville.

Un objectif inavoué de la chartre est de bloquer aux intégristes l’accès aux postes de pouvoir. En effet, l’Histoire enseigne qu’on n’est jamais trop prudent avec ces gens. Ainsi tout individu promu à un poste de pouvoir (policier, gardien de prison, juge…) ne doit pas afficher sa  religion. Néanmoins, il n’est pas légitime à mon sens de restreindre la liberté d’un individu élu démocratiquement comme par exemple, un conseiller municipal ou un député.


Bref, Québec devra accommoder Montréal car, sans la métropole, la Charte perdrait tout son sens.

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