Je viens de
vivre une situation qui démontre que les préjugés envers les pères de famille
sont encore bien réels dans notre société.
Voici les
faits. Je suis divorcé depuis 1998 et j’ai la garde partagée de mes deux filles
depuis ce moment. Il y a deux ans, ma plus vieille décide toutefois de venir
habiter avec moi à temps plein. Ensuite, en septembre dernier, alors qu’elle
est maintenant âgée de 19 ans, elle s’en va en appartement à Sherbrooke avec
une amie afin d’y faire ses études en droit. Ma plus jeune, maintenant âgée de
16 ans, continue la garde partagée.
J’ai
rencontré quelques femmes depuis mon divorce mais pour la première fois la
dernière d’entre elles est venue cohabiter avec moi en avril 2008. Hélas,
la relation de couple n’a pas fonctionné et elle est repartie en juin
dernier. Comme ses revenus étaient de loin inférieurs aux miens durant
cette période même si elle travaillait à temps plein, elle n’a contribué qu’à
une infime part des dépenses de la maison. Dans les faits, les cadeaux que je
lui ai faits et les voyages que je lui ai payés dépassaient largement cette
contribution. Il va sans dire qu’elle n’a jamais contribué aux dépenses de mes
enfants, encore moins à leur éducation. Comme j’ai une femme de ménage, le
reste des tâches ménagères était partagé entre nous quatre. Par ailleurs,
c’est moi qui préparais les repas.
Je reçois
normalement la prestation fiscale pour enfants (PFCE) de juillet à décembre et
le reste de l’année, c’est la mère de mes enfants qui la reçoit à cause de la
garde partagée. Cette dernière s’est remariée peu de temps après notre divorce
et un autre enfant est née de cette union depuis. Bien que j’aie tout perdu
suite au divorce et que mes revenus aient été longtemps inférieurs aux siens
par la suite, je n’ai jamais reçu de pension et j’ai toujours payé la moitié
des dépenses des enfants incluant l’école privée.
Croyez-le
ou non, le 18 novembre, j’ai reçu une lettre de l’Agence du revenu du Canada
m’avisant que ma prestation fiscale allait être transférée à ma conjointe de
fait dû à la présomption que c’est le parent de sexe féminin qui est
responsable des soins et de l’éducation des enfants. J’ai beau avoir élevé
mes enfants seul pendant 10 ans auparavant, l’ARC présume que c’est ma nouvelle
conjointe de fait qui a pris leur éducation en charge dès son arrivée dans
notre demeure ! J’ai donc appelé à la ligne de renseignement de l’ARC et une
fonctionnaire m’a expliqué que je devais obtenir une lettre de renonciation de
mon ex-conjointe afin de récupérer mon dû. Et si elle ne voulait pas la signer
(parfois les femmes sont mesquines à la suite d’une rupture), alors tant pis
pour moi. J’ai tenté de lui faire valoir que cette présomption devrait être non
pas en faveur de la femme mais bien du parent biologique indépendamment de son
sexe et que je trouvais l’ARC sexiste. Elle m’a répondu froidement que
j’avais droit à mes opinions. Je comprends que ces fonctionnaires à
l’information sont embauchés pour expliquer la loi et non la modifier mais ils
pourraient quand même faire preuve d’un peu plus d’empathie.
Je n’arrive
pas à croire qu’encore aujourd’hui en 2010, le gouvernement Canadien entretient
encore des préjugés aussi sexistes envers les pères de famille. Mes conjointes
n’ont jamais contribué aux tâches ménagères plus que moi. En plus, c’est
toujours moi qui ai préparé les repas (de toute façon, la plupart des femmes
modernes ne savent même plus cuisiner). Or tous mes proches amis vivent une
situation similaire.
Qu’on ne
s’étonne plus qu’un père de famille excédé prenne le pont Jacques-Cartier en
otage de temps à autres. C’est tout de même moins pire que de défouler sa
frustration à travers la violence conjugale.
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