Wednesday, 20 December 2017

Séduction vs agression : la frontière s’amincit

Je ressens de l’empathie pour ces femmes qui à travers le mouvement #metoo dénoncent de véritables agressions sexuelles. Hélas, des plaintes futiles comme celle récemment de la députée libérale fédérale Sherry Romanado discréditent leur cause. En effet, la mauvaise blague de son collègue conservateur n’avait rien d’humiliant.

Une telle attitude d’une personnalité publique révèle un phénomène social insidieux : en jouant aux vierges offensées, les féministes occultent une réalité incontournable du jeu de la séduction. Or cette attitude d’autruche ne contribue nullement à harmoniser les relations hommes-femmes, bien au contraire.

En effet, une période ambiguë précède toute relation entre un homme et une femme; une période durant laquelle la femme se laisse courtiser le temps d’évaluer si son intérêt est réciproque. Même si le désir est partagé, souvent la femme étirera cette période en envoyant des signaux volontairement ambigus car elle aime se faire convoiter; c’est plus fort qu’elle. Les féministes auront beau prétendre que je suis sexiste mais ce comportement s’observe chez la plupart des femelles mammifères; qu’elles adressent donc leurs plaintes à Mère Nature (ou Dieu si croyantes) mais l’homme n’y est pour rien. Il subit plutôt ce comportement.

Il arrive aussi qu’une femme se laisse convoiter même si elle n’a aucune intention réelle d’aller plus loin. L’explication est la même : la femme aime plaire, se faire désirer. Même en couple elle aime parfois valider qu’elle plait encore. Elle fait ainsi plaisir à son égo féminin car elle est vaniteuse de ses charmes.

L’homme, qui est un prédateur dans l’âme, cherche à décoder les signaux de la femme convoitée et ainsi le moment opportun pour passer du verbe à l’action. Il s’agit toujours d’une entreprise risquée : comme à la pêche, il ne faut pas tirer sur la ligne trop vite ni trop tard. Or, dans ce contexte, il arrive qu’embrouillé par son désir, l’homme décode mal les signaux et pose un geste non désiré. Le cas échéant, il suffit pour la femme de le repousser courtoisement comme le suggérait l’écrivaine Catherine Millet dans un récent entrevue à Radio-Canada Première. Il n’est pas nécessaire ni socialement utile de déposer une accusation criminelle contre son soi-disant agresseur, ni de détruire sa carrière via une dénonciation publique, ni même de s’en offusquer. Néanmoins l’homme qui se fait trop insistant passé ce stade traverse une ligne interdite. Quand les effluves de la convoitise n’enivrent plus la femme et qu’au contraire le jeu la rend inconfortable, il est grand temps pour lui de faire amende honorable.

Après avoir invité ma femme à souper pour la première fois, je l'ai embrassée à la sortie du restaurant. Elle ne m’avait pas dit au préalable : « C’est bon, tu me plais, tu peux maintenant m’embrasser ou me caresser les seins ». J’ai donc pris un risque. Elle aurait pu faire comme le suggère Catherine Millet et me repousser courtoisement. Le cas échéant, nous ne serions pas mariés aujourd’hui. Mais en aucun cas, mon geste méritait d’être qualifié d’agression sexuelle.
Le dernier slogan de l’heure en matière de prévention du harcèlement sexuel est : « Sans oui, c’est non !». En tout respect pour mon épouse, elle n’est pas la première femme que j’ai courtisée. Pourtant, je n’ai jamais entendu un seul « oui » de toute ma vie. Je ne crois pas être un agresseur sexuel pour autant.

Il existe aussi une autre réalité moins édifiante mais tout aussi occultée. Dans certains milieux professionnels plus que d’autres, il est pratique courante pour des femmes (notamment) d’utiliser leurs charmes pour obtenir des faveurs dans le cadre de leur carrière. Selon moi, il incombe à chacun de juger de sa propre moralité. Néanmoins, les femmes qui s’adonnent à cette pratique doivent s’assumer jusqu’au bout. Elles ne peuvent prétendre à l’agression sexuelle si et seulement si leur démarche professionnelle ne s’avère pas fructueuse. Je reconnais aussi d’emblée aux femmes le droit de changer d’idée mais la courtoisie la plus élémentaire suggère de le faire avant d’entrer dans la chambre à coucher.

Bref, je suis bien heureux d’être déjà « casé » et je plains les jeunes hommes d’aujourd’hui. Dans mon temps, draguer une femme était déjà une entreprise périlleuse; c’est maintenant rendu mission impossible. Quelques écrivains de l’époque romantique doivent se retourner dans leur tombe. En tous les cas, ça calme la testostérone !


Sur une note plus sérieuse, c’est triste de constater à quel point le débat actuel autour du harcèlement sexuel est teinté de naïveté sinon carrément d’hypocrisie, à l’instar d’ailleurs de plusieurs autres sujets de l’heure comme le port du voile islamique, les transgenres et le véganisme. Le pendule social passe toujours d’un extrême à l’autre. Il y a toujours eu de réels abuseurs et il y en aura toujours. Cependant, à cause d’une minorité d’abuseurs, la majorité des hommes doivent désormais marcher sur des œufs. Or, dans une démocratie saine, la majorité devrait établir les règles du jeu.


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