Je ressens de
l’empathie pour ces femmes qui à travers le mouvement #metoo dénoncent de
véritables agressions sexuelles. Hélas, des plaintes futiles comme celle
récemment de la députée libérale fédérale Sherry Romanado discréditent leur
cause. En effet, la mauvaise blague de son collègue conservateur n’avait rien
d’humiliant.
Une telle attitude
d’une personnalité publique révèle un phénomène social insidieux : en
jouant aux vierges offensées, les féministes occultent une réalité
incontournable du jeu de la séduction. Or cette attitude d’autruche ne
contribue nullement à harmoniser les relations hommes-femmes, bien au contraire.
En effet, une période
ambiguë précède toute relation entre un homme et une femme; une période durant
laquelle la femme se laisse courtiser le temps d’évaluer si son intérêt est
réciproque. Même si le désir est partagé, souvent la femme étirera cette
période en envoyant des signaux volontairement ambigus car elle aime se faire
convoiter; c’est plus fort qu’elle. Les féministes auront beau prétendre que je
suis sexiste mais ce comportement s’observe chez la plupart des femelles
mammifères; qu’elles adressent donc leurs plaintes à Mère Nature (ou Dieu si
croyantes) mais l’homme n’y est pour rien. Il subit plutôt ce comportement.
Il arrive aussi qu’une
femme se laisse convoiter même si elle n’a aucune intention réelle d’aller plus
loin. L’explication est la même : la femme aime plaire, se faire désirer. Même
en couple elle aime parfois valider qu’elle plait encore. Elle fait ainsi
plaisir à son égo féminin car elle est vaniteuse de ses charmes.
L’homme, qui est un
prédateur dans l’âme, cherche à décoder les signaux de la femme convoitée et
ainsi le moment opportun pour passer du verbe à l’action. Il s’agit toujours
d’une entreprise risquée : comme à la pêche, il ne faut pas tirer sur la
ligne trop vite ni trop tard. Or, dans ce contexte, il arrive qu’embrouillé par
son désir, l’homme décode mal les signaux et pose un geste non désiré. Le cas
échéant, il suffit pour la femme de le repousser courtoisement comme le
suggérait l’écrivaine Catherine Millet dans un récent entrevue à Radio-Canada
Première. Il n’est pas nécessaire ni socialement utile de déposer une
accusation criminelle contre son soi-disant agresseur, ni de détruire sa
carrière via une dénonciation publique, ni même de s’en offusquer. Néanmoins
l’homme qui se fait trop insistant passé ce stade traverse une ligne interdite.
Quand les effluves de la convoitise n’enivrent plus la femme et qu’au contraire
le jeu la rend inconfortable, il est grand temps pour lui de faire amende
honorable.
Après avoir invité ma
femme à souper pour la première fois, je l'ai embrassée à la sortie du
restaurant. Elle ne m’avait pas dit au préalable : « C’est bon, tu me plais, tu
peux maintenant m’embrasser ou me caresser les seins ». J’ai donc pris un
risque. Elle aurait pu faire comme le suggère Catherine Millet et me repousser
courtoisement. Le cas échéant, nous ne serions pas mariés aujourd’hui. Mais en
aucun cas, mon geste méritait d’être qualifié d’agression sexuelle.
Le dernier slogan de
l’heure en matière de prévention du harcèlement sexuel est : « Sans
oui, c’est non !». En tout respect pour mon épouse, elle n’est pas la
première femme que j’ai courtisée. Pourtant, je n’ai jamais entendu un seul
« oui » de toute ma vie. Je ne crois pas être un agresseur sexuel
pour autant.
Il existe aussi une
autre réalité moins édifiante mais tout aussi occultée. Dans certains milieux
professionnels plus que d’autres, il est pratique courante pour des femmes
(notamment) d’utiliser leurs charmes pour obtenir des faveurs dans le cadre de
leur carrière. Selon moi, il incombe à chacun de juger de sa propre moralité.
Néanmoins, les femmes qui s’adonnent à cette pratique doivent s’assumer
jusqu’au bout. Elles ne peuvent prétendre à l’agression sexuelle si et
seulement si leur démarche professionnelle ne s’avère pas fructueuse. Je
reconnais aussi d’emblée aux femmes le droit de changer d’idée mais la
courtoisie la plus élémentaire suggère de le faire avant d’entrer dans la
chambre à coucher.
Bref, je suis bien
heureux d’être déjà « casé » et je plains les jeunes hommes d’aujourd’hui.
Dans mon temps, draguer une femme était déjà une entreprise périlleuse; c’est
maintenant rendu mission impossible. Quelques écrivains de l’époque romantique
doivent se retourner dans leur tombe. En tous les cas, ça calme la testostérone
!
Sur une note plus
sérieuse, c’est triste de constater à quel point le débat actuel autour du
harcèlement sexuel est teinté de naïveté sinon carrément d’hypocrisie, à l’instar
d’ailleurs de plusieurs autres sujets de l’heure comme le port du voile
islamique, les transgenres et le véganisme. Le pendule social passe toujours d’un
extrême à l’autre. Il y a toujours eu de réels abuseurs et il y en aura
toujours. Cependant, à cause d’une minorité d’abuseurs, la majorité des hommes
doivent désormais marcher sur des œufs. Or, dans une démocratie saine, la
majorité devrait établir les règles du jeu.
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