La cause
environnementale a le vent en poupe et c’est tant mieux. Il est temps d’entreprendre
des actions concrètes pour l’environnement comme notamment instaurer une taxe
sur le carbone qui reflète le vrai coût environnemental et revoir nos pratiques
agricoles afin de cesser d’empoisonner nos terres et cours d’eau.
Dans cette
foulée, d’aucuns prétendent qu’on devrait également cesser la consommation de
protéines animales. Hélas, malgré l’engouement actuel pour le véganisme, il
s’agit d’une fausse bonne idée, d’où le vieil adage : l’enfer est pavé de
bonnes intentions.
Pour juger
du bien-fondé du véganisme, il faut d’abord poser la plus fondamentale des questions:
une diète végétalienne convient-elle au métabolisme de l’être humain? Or, la
réponse est la même que pour tout autre mammifère prédateur. C’est non.
Vitamine
B12
Plusieurs
substances essentielles à la santé du système nerveux ne se retrouvent que dans
les produits animaliers et ne sont pas ou peu synthétisées par le métabolisme
d’un mammifère prédateur. Il s’agit notamment de la vitamine B12. Le végan doit
donc obligatoirement consommer des suppléments alimentaires de B12 pour combler
les carences de son alimentation. Or, une diète qui nécessite des suppléments
alimentaires est, par définition, une diète incomplète. CQFD.
Oméga-3
La diète
végétalienne est également exempte de deux autres substances essentielles à la
santé mentales : les acides oméga-3 dits eicosapentanoique (AEP) et docosahexaenoique (ADH). Ces
deux acides gras ne doivent pas être confondus avec l’acide gras oméga-3 dit
linolénique alpha (ALA) qu’on retrouve dans nombre de végétaux dont la graine
de lin. Or, ces substances nécessaires au bon fonctionnement du cerveau ne se
retrouvent dans aucun végétal outre quelques rares microalgues. La consommation
de ces dernières est donc primordiale car une carence en ADH et AEP produit des
effets désastreux[1].
En effet, une carence prénatale ou postnatale nuit notamment au développement
de l’acuité visuelle et des aptitudes cognitives du nouveau-né et entraîne même
des problèmes de comportement et maladies psychiatriques[2].
La consommation d’ADH et AEP est donc essentielle durant la grossesse et
l’allaitement[3].
Une carence pendant l’enfance et l’adolescence augmente significativement les
risques de dyslexie[4],
d’autisme[5], d’hyperactivité[6], d’amnésie[7], de
problèmes de langage[8],
d’apprentissage[9],
et de comportement[10].
De façon générale, les enfants dont l’alimentation est déficiente en ADH
développent un cerveau plus petit[11]
et un quotient intellectuel inférieur[12].
Avis aux gens d’affaires, politiciens et courtiers : l’ADH protège contre le
stress. En revanche, sa déficience en période de stress expliquerait le
comportement criminel[13].
Plusieurs études modernes suggèrent que l’ADH a un impact direct sur la santé
mentale[14].
Certes, d’autres études suggèrent que le véganisme
favoriserait la santé cardiovasculaire. Cependant, la santé mentale n’est-elle
pas préférable à quelques années de longévité supplémentaire? Cela dit, la
méthodologie des dites études est controversée, pour ne pas dire biaisée par
l’agenda politique de leurs auteurs (par exemple, le groupe de référence est
constitué de gens physiquement inactifs et mangeurs de malbouffe). Quoiqu’il en
soit, avec la popularité grandissante du véganisme, les données cliniques
s’accumulent rapidement et le temps rendra bientôt son verdict.
En définitive, une diète végane n’est viable que dans
la mesure où son adepte possède de solides connaissances scientifiques dans le
domaine de la nutrition et suit étroitement son bilan sanguin, ce qui ne sera
jamais le cas du commun des citoyens. Donc, au mieux, il s’agit d’une diète qui
convient à une minorité d’intellectuels bien vaillants. De plus, il n’est pas
garanti que les suppléments de B12 d’origine synthétique remplacent en tous
points la substance naturelle originale.
Cruauté animale
Outre la dimension nutritionnelle, on peut aussi
légitimement questionner la moralité du véganisme. En effet, afin d’éviter aux
animaux d’élevage de souffrir, la doctrine végane leur enlève la chance même de
vivre. À titre de comparaison, au début de la révolution industrielle, des
patrons ont souvent abusé de leurs travailleurs. Était-ce une raison pour
fermer les manufactures? Non. L’état s’est plutôt attaqué au vrai problème et a
légiféré de sorte à protéger les droits des employés. Alors pourquoi ne pas faire
de même ici et s’attaquer aussi au vrai problème qui est la cruauté
animale? À l’instar des normes du travail, l’état doit légiférer l’agriculture afin
de protéger les droits des animaux. Bien sûr, la viande élevée éthiquement
coûte plus cher mais une telle hausse modèrera justement l’appétit des grands
carnivores. En effet, la loi du marché sera toujours plus efficace que
l’éducation pour modifier le comportement des consommateurs.
Écologie
Finalement, des agronomes remettent aussi en cause les
bénéfices écologiques du véganisme. Encore une fois, pourquoi ne pas s’attaquer
ici au vrai problème? La technologie existe pour faire face aux défis
écologiques de l’heure mais elle ne favorise pas nécessairement l’establishment
industriel actuel et c’est là que le bât blesse. En effet, ce n’est pas la
communauté scientifique qui dicte l’agenda environnemental de nos dirigeants
politiques mais bien le puissant lobby industriel.
Le véganisme fait fausse route en préconisant la
monoculture avec engrais chimiques et donc forcément l’utilisation de semences
transgéniques, d’herbicides et d’insecticides qui en découle. Au contraire, il faut décentraliser et diversifier la ferme. De
plus, le pâturage demeure encore la meilleure technique pour exploiter les
terres infertiles et, combiné à la rotation des cultures, pour restaurer la
biomasse de nos terres arables affaiblie par des décennies d'agriculture
sauvage. Or, cette biomasse constitue le réservoir naturel pour séquestrer
l'excédent de carbone de l’atmosphère et ainsi renverser le processus de
réchauffement de la planète.
Évidemment, les industriels préfèrent continuer à nous
vendre leurs semences transgéniques et leurs engrais chimiques et pesticides
associés. La mode végane constitue donc pour eux une véritable bénédiction car
elle accentue la dépendance de la population envers les Beyond Meat et
autres agro-industriels. Aussi ne faut-il pas s'étonner que l’industrie supporte
financièrement les activistes végans en quête de notoriété. C’était notamment le
cas du célèbre sportif et youtubeur britannique Tim Shieff depuis 2012. Hélas,
il subit désormais l’opprobre de la communauté végane parce que des raisons de
santé, voire de survie l’ont contraint tout récemment à recommencer à manger
des protéines animales.
Romain Gagnon, ing.
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[13] Sawazaki, S. et coll. «The
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[14] Hillbrand, M. et coll. «
Investigating the role of lipids in mood, aggression, and schizophrenia », Psychiatric Services, vol. 48, no 7,
1997; Fugh-Berman, A. et Cott, J.M. « Dietary Supplements and Natural Products
as Psychotherapeutic Agents », Psychosomatic
Medicine, vol. 61, no 5, 1999.
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