Sunday, 25 June 2023

Non à la prière à l'école



 On pourrait comprendre qu'un bédouin analphabète au cœur du désert croie qu’un vieux bourru le surveille depuis les cieux et lui impose inutilement cinq prières journalières, tout en lui interdisant de savourer un bon jambon de Parme. Cependant, qu'un individu occidental éduqué puisse adhérer à de telles inepties au XXIe siècle indique un certain trouble mental. Pire encore, lorsque ces croyances archaïques mènent à la croisade politique, voire la violence, le diagnostic de psychose se confirme.

 Nous, citoyens canadiens, sommes disposés à offrir l’opportunité à une jeune famille musulmane de quitter son pays d'origine misogyne, homophobe et liberticide, pour immigrer dans notre beau pays où les possibilités sont infinies. Nous apprécions leur culture riche, leur couscous, leur politesse et la plupart de leurs valeurs. Toutefois, nous nous attendons légitimement à ce qu’ils respectent aussi les coutumes de leur pays d’accueil et s’y intègrent.

 La majorité des immigrants musulmans ressentent de la gratitude pour l'accueil chaleureux des Canadiens et apprécient le sentiment de sécurité qu'offre notre pays. Malheureusement, à cause d'un manque de courage politique pour contrôler efficacement l'immigration, le gouvernement fédéral a laissé entrer quelques têtes brulées. Ces islamistes mènent une croisade religieuse dans le but de convertir les mécréants que nous sommes à leurs yeux.

 Installer des espaces de prière à l'école ou dans la fonction publique est une aberration intellectuelle. L'école est un lieu d'éducation, pas de prière. La fonction publique est un lieu de travail, pas de prière. En autorisant, voire en encourageant une telle aberration, le gouvernement fédéral soutient les islamistes dans leur mission politique. Comment notre Premier ministre, qui a pourtant eu l’intelligence politique de se faire élire trois fois, peut-il être naïf au point de ne pas voir qu’il est devenu la marionnette de service du lobby islamiste? Est-ce symptomatique d’un déficit de clairvoyance ou bien de transparence?

 À l'instar du débat sur la loi 21, la question des espaces de prière dans les écoles québécoises est désormais devant les tribunaux. Ironiquement, les islamistes exploitent nos structures démocratiques pour promouvoir un programme qui, en fin de compte, menace ces mêmes structures. Ces deux affaires aboutiront sans doute devant la Cour suprême. On a souvent critiqué, à juste titre, l'infiltration de la Cour suprême des États-Unis par l'extrême droite. Reste à déterminer si notre propre Cour suprême n'est pas également biaisée, mais cette fois par la gauche, plus particulièrement la nouvelle gauche "woke" qui, paradoxalement, se trouve en phase avec la droite islamiste sur cette question. Nous avons définitivement perdu Frédéric Bastien trop tôt.

Wednesday, 1 April 2020

Les affaires et l’après-coronavirus




Qu’on se le dise d’emblée, le monde des affaires ne sera plus jamais le même à la suite de cette pandémie internationale et les 5 à 7 de chambre de commerce avec généreuses poignées de main aux étrangers ne seront pas les seules victimes. D’abord, la mobilité internationale des marchandises et du personnel sera fortement restreinte. Certes, le commerce international est nettement avantageux sur le plan économique et n’a jamais été aussi florissant qu’au XXIème siècle. Toutefois, lorsque les frontières se referment pour des raisons politiques ou sanitaires, nous prenons conscience des inconvénients d’une telle interdépendance. Comme autrefois, le premier réflexe redeviendra de produire localement, quitte à augmenter les coûts de production.
Depuis les événements du 11 septembre 2001, l’expérience de prendre l’avion n’a plus jamais été la même. Je prédis que la pandémie actuelle aura encore plus d’impact. Les douaniers procéderont désormais à des tests de dépistage d’infection auprès des voyageurs internationaux. La température corporelle sera systématiquement mesurée afin de détecter une fièvre et le cas échéant, le voyageur sera placé en quarantaine. Depuis une quinzaine d’années, la mode était non seulement à la croissance internationale mais aussi à la gestion centralisée. Par conséquent, voyager à l’internationale était rendu monnaie courante pour les membres de l’exécutif. Cette pratique sera désormais moins privilégiée.
Le commerce en ligne avait déjà métamorphosé le commerce de détail. La présente pandémie achèvera cette métamorphose. Tout nouveau plan d’affaires pour la manufacture de biens de consommation devra forcément appuyer sa croissance principalement ou exclusivement sur le commerce en ligne. Certains services seront également touchés. Notamment, plusieurs psychologues et notaires ont découvert les vertus des logiciels de téléconférence durant la pandémie. Comme on dit, le besoin crée l’usage. Or, plusieurs y ont pris goût.
Déjà le travail à domicile gagnait de plus en plus d’adeptes. Il y a fort à parier que cette tendance s’accélèrera. Bien sûr certains métiers se prêtent mal au travail à distance mais bien des professionnels seraient plus efficaces à la maison. Non seulement, le travailleur sauve au bas mot une heure de transport par jour, ce qui représente un gain de productivité de 12% mais en plus, son empreinte environnementale est moindre. L’obstacle inavoué au travail à distance est souvent l’inaptitude du superviseur à développer des métriques pour mesurer la performance de ses employés. Ainsi, il se donne bonne conscience en gardant ses subalternes à l’œil. Il est temps de s’attaquer au vrai problème.
La popularité du télétravail plantera le dernier clou dans le cercueil des serveurs de données classiques. L’infonuagique sera désormais la norme. De plus, les infrastructures de communication informatique devront suivre la parade. Durant la présente pandémie, plusieurs employés n’arrivent pas à travailler de leur domicile car l’accès aux données est trop lent, les réseaux n’ayant pas été prévus en conséquence. Même Facebook affiche parfois une lenteur accablante. Bref, les entreprises se virtualiseront davantage tout comme les institutions d’enseignement.
Mais à quoi bon réduire les risques de contamination en travaillant à domicile si on envoie toujours les enfants à la garderie ou à l’école? Déjà avant l’ère du coronavirus, les garderies étaient des nids à microbes et les jeunes enfants, les principaux vecteurs de contamination dans la société. Plusieurs petites familles considéreront possiblement revenir à l’ancienne et garder leurs jeunes enfants à la maison. Au siècle dernier, l’un des deux parents, plus souvent qu’autrement la mère, ne travaillait pas et était disponible pour s’occuper des enfants. Aujourd’hui, cette pratique est hélas rendue un luxe que peu de familles peuvent se payer. En revanche, si les parents travaillent de la maison, pourquoi ne pourraient-ils pas garder les enfants? Si nos arrière-grands-mères arrivaient à garder plusieurs petits enfants à elle seule, est-il utopique pour deux parents d’en garder un ou deux?
Cette question révèle une lacune de l’éducation contemporaine. Aujourd’hui nos enfants sont intellectuellement surstimulés. Cela comporte ses avantages – cette génération est plus habile avec l’informatique – mais aussi ses inconvénients – les enfants ont développé une dépendance à cette stimulation incessante. De plus, les parents modernes ont développé l’habitude de donner toute leur attention à leurs enfants le peu de temps qu’ils les voient. Par conséquent, peu de parents arrivent à travailler à la maison quand les enfants sont présents parce qu’ils sont trop accaparants; ils ne sont pas assez autonomes pour s’occuper seuls contrairement aux enfants de la génération des boomers ou X. Toutefois, en travaillent de la maison tout en gardant les enfants, les nouveaux parents réussiront probablement à travailler efficacement à la maison tout en réglant le problème d’autonomie de leurs enfants. Bref, les entreprises qui permettront une meilleure conciliation travail-famille seront encore plus attrayantes et attireront par surcroit du personnel plus tendance.
Est-ce que nos écoles primaires et secondaires finiront par donner des cours à distance par vidéoconférence? Certaines écoles privées le feront certainement pour se distinguer de la compétition. Ce nouveau besoin est une belle opportunité pour les sociétés de services informatiques. Quant aux écoles publiques, plusieurs sont munies de détecteurs de métal chez nos voisins du sud afin de prévenir la violence. Il ne faudrait pas s’étonner que la désinfection des mains devienne obligatoire à l’entrée de l’école afin de prévenir le nouveau risque de l’heure: la pandémie.
Finalement, nos urbanistes, fidèles pourfendeurs de l’étalement urbain et défenseurs du transport en commun devront peut-être revoir leur discours. À l’heure actuelle, les aires communes des tours à condominium, SPA, sauna et salles d’entrainement, sont fermées à double tour. Je sens que les marchés des exerciseurs maison et du cinéma maison vont bondir.
L’économie mondiale connaîtra probablement son pire krach depuis la grande dépression de 1929. Plusieurs entreprises ne survivront pas. Cependant, plusieurs nouvelles entreprises verront le jour. Dans l’histoire, les périodes le plus difficiles sont souvent les plus riches en innovations. L’humain est ainsi fait : quand tout va trop bien, son cerveau s’engourdit. Les bouleversements économiques créent de nouvelles opportunités et contrecarrent une fâcheuse tendance du capitalisme à concentrer la richesse et le pouvoir toujours entre les mêmes mains. Toutefois, cette transition ne se fera pas sans douleur. Une fois de plus, l’entrepreneur devra se réinventer. Vu de cet angle, la pandémie pose un défi excitant. Alors, saisissez les opportunités et passez à l’histoire.





Coronavirus : la conséquence du déni

La faculté la plus remarquable de l’humain est certainement sa conscience. Elle n’est égalée que par son déni.
Alors que l’humain n’est essentiellement qu’un maillon dans la chaine alimentaire, il se croit au-dessus des lois biologiques, moralement supérieur à la bête et même promis à une vie éternelle. Or, tous les êtres vivants sur Terre, de l’organisme unicellulaire jusqu’au mammifère en passant par les bactéries, les plantes et les champignons appartiennent à un même écosystème, dépendent tous les uns des autres et sont régis par les mêmes lois biologiques. Si la Nature a horreur du vide, elle prend tout autant en grippe (sans jeu de mots) les espèces vivantes trop envahissantes. C’est actuellement le cas de l’humain. La présente pandémie est une stratégie de la Nature parmi d’autres pour débarrasser la planète de ce mammifère bipède devenu un peu trop dérangeant. L’humanité survivra assurément au coronavirus mais, tôt ou tard, un éventuel virus s’avérera beaucoup plus létal.
La Nature utilise couramment des agents pathogènes (virus, bactéries, prions, parasites) pour limiter la population des espèces vivantes trop abondantes. Par exemple, la maladie débilitante chronique du cervidé (MDC)a contaminé les grandes populations de chevreuils près de certaines zones urbaines, là où leurs prédateurs naturels sont artificiellement absents à cause de la présence humaine. Cette encéphalopathie spongiforme issue d’un prion, un agent pathogène plus petit encore qu’un virus, est une maladie transmissible fatale, proche de la maladie de la vache folle et de la tremblante du mouton, mais qui n’affecte spécifiquement que les cervidés. Cette maladie a été détectée dans 26 états américains depuis 1967. En 2018, la maladie a également été détectée dans un cheptel d’élevage de cerfs rouges en Outaouais et 3000 bêtes ont été abattues à titre préventif afin d’éviter que la maladie se transmette à la faune locale. Le coronavirus joue essentiellement même rôle que le MDC mais pour l’humain.
D’autres agents pathogènes nous ont aussi dans leur mire. L’invention des antibiotiques a permis une explosion historique de la population humaine au XXème siècle. Hélas, la surutilisation des antibiotiques notamment en agriculture intensive et leur diffusion dans l’écosystème a développé des superbactéries qui, de mutation en mutation, leur sont de plus en plus résistantes grâce à la sélection naturelle. D’ailleurs, la première génération d’antibiotiques comme la pénicilline n’est plus efficace ni utilisée à des fins thérapeutiques. Les microbiologistes développent sans cesse de nouveaux antibiotiques pour prendre la relève des précédents mais les superbactéries s’adaptent sans cesse. Bactéries et scientifiques sont donc engagés dans un duel dont l’issu sera fatal pour l’une ou l’autre des parties. Je vous laisse deviner laquelle.
L’humanité est-elle condamnée? Sans aucun doute dans sa forme actuelle. Elle recule devant la menace de ces agents pathogènes d’un côté et la menace environnementale de l’autre notamment avec le réchauffement climatique et ses conséquences de plus en plus catastrophiques. Or, l’étau se resserre progressivement entre les deux. Il est grand temps que l’humain fasse preuve d’humilité et sorte du déni : il n’est pas un être supérieur créé à l’image de Dieu mais simplement une espèce animale qui s’est aléatoirement et temporairement retrouvée au sommet de la pyramide alimentaire. Heureusement, la plupart des croyants demeurent suffisamment lucides pour éviter les rassemblements à l’église. Hélas, certains intégristes continuent de prier en groupe : ce fût notamment le cas de l’église chrétienne Shincheonji que les autorités accusent d’avoir causé l’explosion du virus en Corée du sud.
Il n’y a pas que la religion qui anesthésie la conscience humaine. Le capitalisme y arrive tout autant mais à sa manière. Nombres d’occidentaux trouvent leur réconfort dans le workaholisme et la consumérisme; ils courent vers nulle part comme un hamster dans sa roue jusqu’au jour où une pandémie les force au confinement. Peut-être alors que l’absurdité de leur course effrénée leurs crèvera les yeux : l’amour qui est la principale raison de vivre n’a pas besoin de tous ces artifices.
Depuis les événements du 11 septembre 2001, l’expérience de prendre l’avion n’a plus jamais été la même. Je prédis que la pandémie actuelle aura encore plus d’impact. Les douaniers procéderont désormais à des tests de dépistage d’infection auprès des voyageurs internationaux. Peut-être même que la température corporelle sera télémesurée afin de détecter une fièvre et ainsi bloquer l’accès à un événement social et ainsi prévenir une contagion potentielle. Lorsqu’un patient testera positif, des algorithmes basés sur la position GPS de son cellulaire permettront de retracer qui il a potentiellement infectés; d’ailleurs, les chinois le font déjà.
Le commerce international est nettement avantageux sur le plan économique et n’a jamais été aussi florissant qu’au XXIème siècle. Toutefois, lorsque les frontières se referment pour des raisons politiques ou sanitaires, on réalise alors les inconvénients d’une telle dépendance internationale. Un phénomène analogue existe à l’échelle nationale. Les emplois sont de plus en plus spécialisés, ce qui, encore une fois, est plus efficace sur le plan économique. En revanche, les citoyens sont de moins en moins polyvalents et autonomes. Par exemple, la plupart de nos professionnels n’ont plus aucune habilité manuelle. Que faire alors quand une conduite d’eau éclate en plein confinement? L’Internet a également rendu notre société plus efficace mais lorsque le réseau tombe, les citoyens n’ont jamais été si dépourvus. L’agriculture industrielle procure un meilleur rendement mais ce rendement accru est une arme à deux tranchants. Le bétail moderne a été optimisé génétiquement pour son rendement mais sa faible diversité génétique le rend fort vulnérable d’un point de vue infectieux. Bref, tous ces exemples rappellent un bon vieux principe de biologie : l’adaptation réduit l’adaptabilité. C’est pourquoi les dinosaures ont disparu presqu’instantanément de la surface du globe. Le même risque guette désormais l’humain.
Une population limitée d’individus d’une même espèce dans une zone géographique donnée est rarement décimée par une maladie infectieuse. Les pourfendeurs de l’étalement urbain ont tout faux. La population humaine doit se disperser sur le territoire et se nourrir localement autant que possible. L’agriculture doit être intégrée, diversifiée, décentralisée et biologique. La pérennité des terres agricoles doit l’emporter sur le rendement immédiat. La monoculture, les pesticides et les engrais chimiques ne sont pas une solution durable car ils tuent la biomasse du sol et finissent par détruire nos terres arables.
On peut fabriquer son savon, recycler les couches du bébé, aller travailler à vélo à la pluie battante, s’habiller avec du tissu recyclé et même devenir végan mais cela ne fera que reporter le vrai problème : il y a trop d’homo sapiens sur notre petite planète. Alors, nos dirigeants tant politiques que religieux doivent changer de discours et contraindre la natalité. Sans aller jusqu’à restreindre chaque parent à un enfant, il faudrait se questionner sur la pertinence des crédits d’impôts, prestations familiales et autres avantages fiscaux pour le troisième enfant. Il faudra aussi partout décriminaliser l’avortement. Nos dirigeants devraient finalement apprendre à bâtir une économie durable où l’on cesse de pelleter dans le futur la dette des promesses électorales du moment. La vitalité de l’économie ne doit plus dépendre de la seule croissance démographique.
La sélection naturelle a façonné l’homo sapiens sur quelques centaines de milliers d’années et ce, en fonction de l’environnement qui prévalait à l’ère du paléolithique moyen. Malgré sa grande capacité d’adaptation, l’humain sera toujours plus heureux dans un environnement qui ressemble à celui pour lequel il a été conçu. Or, notre société moderne n’est pas optimisée pour combler les besoins humains. On l’observe du coté alimentaire avec l’épidémie d’obésité mais aussi du côté cognitif avec l’épidémie de dépression. L’humain sera toujours plus heureux entre deux arbres que deux murs de béton. Refuser d’admettre cette réalité biologique est un autre déni bien à la mode de nos jours.
En terminant, le coronavirus ne tue pas les personnes en bonne santé mais devance l’échéance fatidique de ceux qui ont déjà un pied dans la tombe. Il faudra bientôt se poser des questions morales délicates : est-il vraiment éthique de détruire l’économie et ainsi la qualité de vie des jeunes familles pour étirer davantage celle des aînés ou encore des enfants malades condamnés? En voulant s’opposer à la sélection naturelle, l’humain ne nage-t-il pas à contre-courant? La vie a une fin. Tant que l’humain ne l’acceptera pas, il ne profitera pas pleinement de sa courte existence.
Il est quand même fascinant de constater que la sélection naturelle n’affecte pas seulement ici les plus faibles physiquement mais aussi les plus faibles psychiquement; en effet, la pandémie actuelle affecte davantage les revenus des travailleurs maîtrisant moins l’informatique…

Wednesday, 16 October 2019

Le conflit d’intérêt du président




Dans les grandes et la plupart des moyennes sociétés par actions, le président n’est pas un actionnaire de contrôle, et souvent ni même un actionnaire minoritaire. Le cas échéant, les actionnaires sont des investisseurs qui cherchent un retour sur leur investissement et le conseil d’administration est le véritable patron du président de l’entreprise. Le conseil d’administration détermine son salaire et décide de son embauche. Or, faut-il rappeler que l’objectif d’une entreprise à but lucratif est… d’être lucrative et non de se substituer à l’état dans son rôle social ou législatif. Bien sûr, plusieurs entreprises posent des gestes concrets pour l’environnement ou encore contribuent à une cause charitable mais rehausser son image sociale n’est qu’une stratégie parmi d’autres pour accroître la rentabilité. Ultimement, le conseil d’administration remerciera tout président qui n’apporte pas la rentabilité anticipée, et ce, indépendamment de ses bonnes œuvres.

Comme tout autre employé – et a fortiori un fonctionnaire de l’état - le président d’une grande entreprise travaille d’abord pour son intérêt personnel. Théoriquement, son intérêt devrait converger avec celui de l’entreprise, mais ce n’est pas toujours le cas. Afin de diminuer le syndrome dit du fonctionnaire, une partie de la rémunération du président est généralement variable et fonction d’un indicateur de performance, typiquement la rentabilité de l’entreprise. Les deux formules les plus populaires sont la participation au profit et la participation à l’actionnariat. Il arrive aussi que l’indicateur de performance soit la croissance du chiffre d’affaires mais cette formule est plus courante chez les représentants des ventes.

Malheureusement, aucune formule de rémunération variable n’est exempte de tout biais. En général, les présidents non-actionnaires demeurent employés moins longtemps dans l’entreprise et ont souvent une vision de développement davantage axée sur le court terme. Or, les intérêts à long terme d’une entreprise divergent parfois de ses intérêts à court terme. Quand les présidents se succèdent trop rapidement, l’entreprise n’est pas toujours gérée dans son meilleur intérêt. Nous l’avons vu avec Sears Canada qui fût à une certaine époque un fleuron de la vente au détail au pays. Avec ses 900 comptoirs de vente au Canada et l’impressionnante infrastructure logistique qui les supportait, Sears était en meilleure position qu’Amazon pour réaliser son propre modèle d’affaires. Hélas, l’histoire s’est déroulée autrement. Au lieu de faire preuve d’audace et de vision, les présidents successifs de l’entreprise ont préféré miser sur la rentabilité à court terme de l’entreprise afin d’encaisser leurs juteux bonis. En bon québécois, ils ont pressé le citron pendant les dernières bonnes années de sorte que l’entreprise n’avait plus les moyens financiers de se réinventer face à un marché au détail complètement métamorphosé et a fini par déposer son bilan l’an dernier.

Dans les petites et certaines moyennes sociétés par actions, le président de l’entreprise est souvent actionnaire majoritaire sinon unique actionnaire. Comme il contrôle l’assemblée des actionnaires, il est de facto le patron du conseil d’administration et non son véritable subordonné. Le cas échéant, le conseil d’administration joue davantage un rôle de conseil que de direction. C’est pourquoi, les PME se dotent souvent d’un conseil aviseur au lieu d’un conseil d’administration formel; les conseillers évitent ainsi la responsabilité légale qui accompagne le poste d’administrateur. Un tel conseil aviseur est le bienvenu car le président trop absorbé dans les affaires courantes de l’entreprise manque parfois de recul stratégique. Comme le dit le vieil adage : trop proche de l’arbre, on ne voit plus la forêt.

En principe le président d’une PME vise l’intérêt de l’entreprise puisqu’il est lui-même actionnaire. Donc le conflit d’intérêt décrit précédemment n’existe pas. Néanmoins, une autre forme de conflit d’intérêts s’installe souvent. En effet, le président d’une PME n’a pas de patron, donc personne pour l’évaluer ni pour veiller à sa performance financière. Or, le président d’une PME est un être humain comme les autres et dont les intérêts personnels ne se limitent pas forcément au domaine pécunier. Par exemple, un président peut prendre une décision écologique dont l’impact positif sur l’image de marque de l’entreprise n’en justifie pas le coût. En agissant ainsi, le président se comporte en citoyen responsable, et pas juste en homme d’affaires obnubilé par la rentabilité. Toutefois, les ambitions environnementales du président entrent alors en conflit d’intérêt avec son rôle de dirigeant et un vrai conseil d’administration l’aurait semoncé.

Hélas, les cas de conflit d’intérêt de président de PME ne sont pas toujours aussi nobles que dans l’exemple précédent. Il serait naïf de croire qu’un président agit toujours pour le bénéfice de son entreprise. Plusieurs présidents apprécient la liberté que procure leur poste tout autant que ses avantages financiers (d’ailleurs, certains présidents seraient même mieux rémunérés si employés dans une plus grande entreprise).  D’autres présidents ont une personnalité si bourrue qu’ils ne peuvent tout simplement pas supporter un patron. Finalement, certains présidents de PME aiment bien le prestige lié à leur poste mais sont en réalité de piètres gestionnaires; ils ne feraient pas long feu dans une grande entreprise. En effet, les conseils d’administration ne tolèrent pas l’incompétence. 

Cela dit, même s’il s’avère mauvais gestionnaire, un entrepreneur est souvent un visionnaire dans son industrie. Le cas échéant, je lui conseille de rester président mais de s’engager un bon gestionnaire comme directeur général. Les meilleurs comptables font généralement les pires vendeurs et vice-versa. Au cours de ma carrière de consultant, j’ai même conseillé à un administrateur de congédier son directeur général… Or, les deux personnes étaient la même!

Le rôle d’un président est bien différent de celui d’un directeur général. Le premier est responsable de la vision stratégique de l’entreprise et de son image alors que le second s’occupe plus discrètement de faire fonctionner la machine. Les deux postes appellent d’ailleurs à des profils de personnalité différents, soit typiquement un président créatif et flamboyant et un directeur général méthodique et à l’écoute de ses employés.

Un président de PME est comme un chef d’orchestre. Il doit maîtriser tous les instruments de son orchestre sans nécessairement être spécialiste d’aucun. Or, aucun dirigeant ne présente une performance égale en finances, ventes, marketing, ressources humaines et opérations et le point faible d’un président sera assurément le maillon faible de son entreprise. Un président humble et clairvoyant s’entourera donc d’une équipe exécutive qui compense ses faiblesses. Malheureusement, trop de présidents sont orgueilleux et préfèrent inconsciemment s’entourer de gens faibles afin de ménager leur égo. Voilà un autre cas flagrant et courant de conflit d’intérêt.

Sunday, 6 October 2019

Le mirage du véganisme



La cause environnementale a le vent en poupe et c’est tant mieux. Il est temps d’entreprendre des actions concrètes pour l’environnement comme notamment instaurer une taxe sur le carbone qui reflète le vrai coût environnemental et revoir nos pratiques agricoles afin de cesser d’empoisonner nos terres et cours d’eau. 

Dans cette foulée, d’aucuns prétendent qu’on devrait également cesser la consommation de protéines animales. Hélas, malgré l’engouement actuel pour le véganisme, il s’agit d’une fausse bonne idée, d’où le vieil adage : l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Pour juger du bien-fondé du véganisme, il faut d’abord poser la plus fondamentale des questions:  une diète végétalienne convient-elle au métabolisme de l’être humain? Or, la réponse est la même que pour tout autre mammifère prédateur. C’est non.

Vitamine B12

Plusieurs substances essentielles à la santé du système nerveux ne se retrouvent que dans les produits animaliers et ne sont pas ou peu synthétisées par le métabolisme d’un mammifère prédateur. Il s’agit notamment de la vitamine B12. Le végan doit donc obligatoirement consommer des suppléments alimentaires de B12 pour combler les carences de son alimentation. Or, une diète qui nécessite des suppléments alimentaires est, par définition, une diète incomplète. CQFD.

Oméga-3

La diète végétalienne est également exempte de deux autres substances essentielles à la santé mentales : les acides oméga-3 dits eicosapentanoique (AEP) et docosahexaenoique (ADH). Ces deux acides gras ne doivent pas être confondus avec l’acide gras oméga-3 dit linolénique alpha (ALA) qu’on retrouve dans nombre de végétaux dont la graine de lin. Or, ces substances nécessaires au bon fonctionnement du cerveau ne se retrouvent dans aucun végétal outre quelques rares microalgues. La consommation de ces dernières est donc primordiale car une carence en ADH et AEP produit des effets désastreux[1]. En effet, une carence prénatale ou postnatale nuit notamment au développement de l’acuité visuelle et des aptitudes cognitives du nouveau-né et entraîne même des problèmes de comportement et maladies psychiatriques[2]. La consommation d’ADH et AEP est donc essentielle durant la grossesse et l’allaitement[3]. Une carence pendant l’enfance et l’adolescence augmente significativement les risques de dyslexie[4], d’autisme[5], d’hyperactivité[6], d’amnésie[7], de problèmes de langage[8], d’apprentissage[9], et de comportement[10]. De façon générale, les enfants dont l’alimentation est déficiente en ADH développent un cerveau plus petit[11] et un quotient intellectuel inférieur[12]. Avis aux gens d’affaires, politiciens et courtiers : l’ADH protège contre le stress. En revanche, sa déficience en période de stress expliquerait le comportement criminel[13]. Plusieurs études modernes suggèrent que l’ADH a un impact direct sur la santé mentale[14].
Certes, d’autres études suggèrent que le véganisme favoriserait la santé cardiovasculaire. Cependant, la santé mentale n’est-elle pas préférable à quelques années de longévité supplémentaire? Cela dit, la méthodologie des dites études est controversée, pour ne pas dire biaisée par l’agenda politique de leurs auteurs (par exemple, le groupe de référence est constitué de gens physiquement inactifs et mangeurs de malbouffe). Quoiqu’il en soit, avec la popularité grandissante du véganisme, les données cliniques s’accumulent rapidement et le temps rendra bientôt son verdict.
En définitive, une diète végane n’est viable que dans la mesure où son adepte possède de solides connaissances scientifiques dans le domaine de la nutrition et suit étroitement son bilan sanguin, ce qui ne sera jamais le cas du commun des citoyens. Donc, au mieux, il s’agit d’une diète qui convient à une minorité d’intellectuels bien vaillants. De plus, il n’est pas garanti que les suppléments de B12 d’origine synthétique remplacent en tous points la substance naturelle originale.

Cruauté animale

Outre la dimension nutritionnelle, on peut aussi légitimement questionner la moralité du véganisme. En effet, afin d’éviter aux animaux d’élevage de souffrir, la doctrine végane leur enlève la chance même de vivre. À titre de comparaison, au début de la révolution industrielle, des patrons ont souvent abusé de leurs travailleurs. Était-ce une raison pour fermer les manufactures? Non. L’état s’est plutôt attaqué au vrai problème et a légiféré de sorte à protéger les droits des employés. Alors pourquoi ne pas faire de même ici et s’attaquer aussi au vrai problème qui est la cruauté animale? À l’instar des normes du travail, l’état doit légiférer l’agriculture afin de protéger les droits des animaux. Bien sûr, la viande élevée éthiquement coûte plus cher mais une telle hausse modèrera justement l’appétit des grands carnivores. En effet, la loi du marché sera toujours plus efficace que l’éducation pour modifier le comportement des consommateurs.

Écologie

Finalement, des agronomes remettent aussi en cause les bénéfices écologiques du véganisme. Encore une fois, pourquoi ne pas s’attaquer ici au vrai problème? La technologie existe pour faire face aux défis écologiques de l’heure mais elle ne favorise pas nécessairement l’establishment industriel actuel et c’est là que le bât blesse. En effet, ce n’est pas la communauté scientifique qui dicte l’agenda environnemental de nos dirigeants politiques mais bien le puissant lobby industriel.
Le véganisme fait fausse route en préconisant la monoculture avec engrais chimiques et donc forcément l’utilisation de semences transgéniques, d’herbicides et d’insecticides qui en découle. Au contraire, il faut décentraliser et diversifier la ferme. De plus, le pâturage demeure encore la meilleure technique pour exploiter les terres infertiles et, combiné à la rotation des cultures, pour restaurer la biomasse de nos terres arables affaiblie par des décennies d'agriculture sauvage. Or, cette biomasse constitue le réservoir naturel pour séquestrer l'excédent de carbone de l’atmosphère et ainsi renverser le processus de réchauffement de la planète.

Évidemment, les industriels préfèrent continuer à nous vendre leurs semences transgéniques et leurs engrais chimiques et pesticides associés. La mode végane constitue donc pour eux une véritable bénédiction car elle accentue la dépendance de la population envers les Beyond Meat et autres agro-industriels. Aussi ne faut-il pas s'étonner que l’industrie supporte financièrement les activistes végans en quête de notoriété. C’était notamment le cas du célèbre sportif et youtubeur britannique Tim Shieff depuis 2012. Hélas, il subit désormais l’opprobre de la communauté végane parce que des raisons de santé, voire de survie l’ont contraint tout récemment à recommencer à manger des protéines animales.
  
Romain Gagnon, ing.


[1] Connor, W.E. « Importance of n-3 fatty acids in health and disease », American Journal of Clinical Nutrition, vol. 71, no 1, 2000; James, M. J. et coll. « Dietary polyunsaturated fatty acids and inflammatory mediator production », American Journal of Clinical Nutrition, vol. 71, no 1, 2000; Kremer, J. M.. « n-3 Fatty acid supplements in rheumatoid arthritis », American Journal of Clinical Nutrition, vol. 71, no 1, 2000.
[2] Fugh-Berman, A., J. M. Cott. « Dietary Supplements and Natural Products as Psychotherapeutic Agents », Psychosomatic Medicine, vol. 61, no 5,1999, p. 712-28.
[3] Matorras, R. et coll. « Longitudinal study of fatty acids in plasma and erythrocyte phospholipids during pregnancy » J Perinat Med., vol. 29, no 4, 2001, p. 293-7; Hibbeln, J. R. « Seafood consumption, the DHA content of mothers' milk and prevalence rates of postpartum depression: a cross-national, ecological analysis », J Affect Disord. vol 69, no 1-3, 2002, p. 15-29; Helland, I. B. et coll. « Similar Effects on Infants of n-3 and n-6 Fatty Acids Supplementation to Pregnant and Lactating Women » Pediatrics vol. 108, no 5, 2001.
[4] Richardson, A.J. et M.A. Ross. «Fatty acid metabolism in neurodevelopmental disorder: a new perspective on associations between attention-deficit/hyperactivity disorder, dyslexia, dyspraxia and the autistic spectrum», Prostaglandins Leukot Essential Fatty Acids, vol. 63, no 1-2, 2000.
[5] Richardson, A.J. et B.K. Puri. « The potential role of fatty acids in attention-deficit/hyperactivity disorder », Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids, vol. 63, no 1-2, 2000.
[6] Mitchell, E.A. et coll. «The effects of essential fatty acid supplementation by Efamol in hyperactive children », J Abnorm Child Psycho, vol. 15, no 1, 1987.
[7] Richardson, A.J. et coll. «Eicosapentaenoic acid treatment in schizophrenia associated with symptom remission, normalisation of blood fatty acids, reduced neuronal membrane phospholipid turnover and structural brain changes», Int J Clin Pract., vol. 54, no 1, 2000.
[8] Taylor, K.E. et coll. «Visual function, fatty acids and dyslexia» Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids, vol. 63, no 1-2, 2000.
[9] Stordy, B.J., «Dark adaptation, motor skills, docosahexaenoic acid, and dyslexia» American Journal of Clinical Nutrition, vol. 71, no 1 (suppl.), 2000, p. 323-326.
[10] Burgess, J.R. et coll. « Long-chain polyunsaturated fatty acids in children with attention-deficit hyperactivity disorder » American Journal of Clinical Nutrition, vol. 71, no 1, 2000, p. 327-330.
[11] Castellanos, F.X. et coll. «Developmental trajectories of brain volume abnormalities in children and adolescents with attention-deficit/hyperactivity disorder » JAMA, vol. 288, no 14, 2002.
[12] Mortensen, E.L. et coll. «The association between duration of breastfeeding and adult intelligence » JAMA, vol. 287, no 18, 2002.
[13] Sawazaki, S. et coll. «The effect of docosahexaenoic acid on plasma catecholamine concentrations and glucose tolerance during long-lasting psychological stress: a double-blind placebo-controlled study », J Nutr Sci Vitaminol (Tokyo), vol. 45, no 5, 1999.
[14] Hillbrand, M. et coll. « Investigating the role of lipids in mood, aggression, and schizophrenia », Psychiatric Services, vol. 48, no 7, 1997; Fugh-Berman, A. et Cott, J.M. « Dietary Supplements and Natural Products as Psychotherapeutic Agents », Psychosomatic Medicine, vol. 61, no 5, 1999.

Friday, 30 November 2018

L’entrepreneur et la pénurie de main d’œuvre




Le Québec vit actuellement une pénurie de main d’œuvre sans précédent depuis les années 60. Ce problème est essentiellement une bonne nouvelle car il témoigne de la vigueur de notre économie mais aussi hélas du vieillissement de la population. Néanmoins, ce problème peut s’avérer fatal pour une entreprise s’il est mal géré. Les entreprises en croissances ou encore celles dont le coût de la main d’œuvre représente une proportion élevée des ventes sont particulièrement à risque.

Cette pénurie de main d’œuvre entraine trois conséquences :

1- La main d’œuvre disponible est plus rare, autant en quantité qu’en qualité, l’une étant intimément liée à l’autre.

2- En conséquence de cette faible disponibilité, le recrutement doit passer d’un mode passif à un mode actif. Placer une annonce n’est souvent plus suffisant. Il faut maintenant solliciter les bons candidats qui ne sont pas nécessairement en recherche d’emploi. Les chasseurs de tête sont tout indiqués pour ce faire car ils peuvent tâter le terrain discrètement sans dénoncer l’employeur potentiel pour autant. Après quelques années de disette à cause d’Internet, ce métier reprend maintenant de sa pertinence.

3- En conséquence de ce maraudage, la rétention du personnel devient primordiale plus que jamais. Il existe plusieurs règles du pouce pour évaluer le coût de la perte et du remplacement d’un employé selon son échelle salariale et son secteur d’activités. Il faut calculer les frais tangibles comme l’embauche et la formation mais aussi les frais intangibles qui sont généralement plus significatifs comme la perte de productivité pour l’entreprise ainsi que la dégradation du climat de travail et la perte de réputation de l’entreprise engendrées par le départ d’un employé mécontent. Bref, le coût d’un départ équivaut facilement à son salaire annuel. Dans le cas d’une entreprise en croissance, ce ratio peut même atteindre le triple.

Une bonne stratégie de rétention du personnel repose généralement sur trois ingrédients :

1-Évidemment les employés doivent être rémunérés à leur juste valeur selon le marché. Plusieurs entrepreneurs, surtout ceux de l’ancienne garde, s’imaginent que la saine gestion leur commande d’être chiches dans la négociation des salaires. Mon expérience de dirigeant m’indique au contraire qu’une telle stratégie est rarement payante à long terme, sauf peut-être pour les « sweat shops », ces entreprises sans valeur ajoutée dont le modèle d’affaires repose exclusivement sur l’exploitation du personnel. Un calcul rapide le démontre bien. Si vous perdez un employé parce qu’il est payé, disons 10% sous la médiane du marché, alors dix années seront nécessaires pour renflouer le coût de son remplacement. Malgré ce gros bon sens, certains entrepreneurs préfèrent encore se faire arracher une dent que d’ajuster le salaire d’un employé au marché. Cet entêtement irrationnel frôle l’obsession freudienne.

2- Chez la génération Y et encore plus les milléniaux, les conditions de travail et notamment la conciliation emploi-famille comptent encore plus que le salaire. De plus, comme la compétition pour le marché de l’emploi développera elle-aussi une stratégie de rétention, la barre sera encore plus haute à cet égard.  Une meilleure conciliation emploi-famille s’implémente de plusieurs manières : horaires flexibles, travail à distance, accommodement pour les urgences médicales ou parentales, meilleurs outils bureautiques dont l’infonuagique, etc. L’entrepreneur pingre peut se consoler ici car de meilleures conditions d’emploi mettent moins de pression sur les salaires.

3- Au-delà du salaire et des conditions de travail, un autre facteur impacte directement le taux de rotation du personnel : la qualité de la relation avec le supérieur immédiat. Plusieurs désirs nobles motivent l’entrepreneuriat dont notamment créer, sortir des sentiers battus, pleinement s’accomplir. Hélas, le côté sombre de la force de l’entrepreneur recèle parfois aussi d’autres désirs moins nobles comme se valoriser avec son statut de supérieur, abuser de son pouvoir, voire même prendre plaisir à humilier son employé. Ces comportements tyranniques n’ont plus la cote aujourd’hui. L’employé s’attend désormais à ce que son superviseur ne le blâme pas injustement, tienne ses promesses, le valorise pour ses accomplissements et demeure réceptif à ses idées. L’entrepreneur est le gardien de la culture d’entreprise et doit donc veiller aussi à que les autres superviseurs dans l’entreprise appliquent ces mêmes bonnes pratiques.

Bref, ne vous méprenez pas, cet article n’est pas un plaidoyer socialiste. Les économies de bouts de chandelle donnent peut-être bonne conscience à l’entrepreneur mais ne propulseront jamais son entreprise. Les britanniques ont une expression que j’aime bien pour décrire cette attitude : « penny wise but pound foolish ». Quant aux propriétaires de « sweat shop », mon conseil est d’automatiser leurs opérations sinon d’impartir la main d’œuvre en Asie pendant qu’il en est encore temps.

Romain Gagnon, ing.

Leadership and corporate hypocrisy



Technology has much evolved over the centuries and especially in recent decades. Technology has transformed our lives and daily tasks, but our fundamental genetics have not changed in the past 50 000 years, which is a glimpse in the time scale of evolution. In the Paleolithic era, humans were hunters-gatherers. However, like the Apes, they gathered in small tribes led by a chief. In this way, they felt more confident facing the challenges of life than if they struggled alone. Killing a mammoth was easier and provided enough food to feed the whole tribe.

Small and medium size enterprises (SME) are the modern version of the Paleolithic tribes, and their president/shareholder plays the role of the tribal chief. Larger enterprises resemble more to the societies that emerged with the Neolithic era, 10,000 BC.

In the Paleolithic era, like today, most humans were followers. The few leaders would rule tribes. It is no different today in SMEs. However, this distinction is not black or white. Every individual finds himself somewhere on a leadership scale. The irreducible leaders started their own tribe as soon as they reached adulthood, whereas the more moderate (and often older) leaders replaced the leader of their tribe when he died or became too old. Some followers remained faithful to the same chief all their lives, while others were moving from one tribe to another. But most of the time, whenever a follower found a tribe where he felt esteemed and secure, he would remain, instead of facing insecurity, a feature that belongs more naturally to the personality of a leader. Sometime, the leader would expel a follower from its tribe, the modern equivalent of the dismissal.

Some tribes, especially the new formed ones, experienced a higher turnover rate of their members. This was often due to the leader’s poor strategy and resulting inability to feed its tribe properly (feed properly now means providing a decent salary). But, most of the time, it was due to his poor leadership skills and resulting inability to inspire trust and provide recognition to its members. Normally, the older the tribe, the more there were older members.

Each tribe eventually developed its own set of behaviors and beliefs which provided a competitive edge over other tribes. This concept corresponds to corporate culture in today’s SMEs. Each newcomer must learn and abide by the culture of its new tribe. Otherwise, he won’t stay long. Each newcomer must also take an oath to its chief. This process consists for the newcomer to expose its vulnerability to the chief and for the chief not to use this opportunity to hurt the newcomer (at least not too much). This is how the newcomer establishes a relationship of trust with its new chief and swears allegiance to him. The same behavior is found among other mammals, namely male rats expose their genitals to the chief of rats, and this chief bites them gently while he could hurt them fatally. In this way, the chief establishes its authority. The same phenomenon exists among SMEs, but an individual with strong leadership is not likely to expose its genitals (figuratively speaking).

Tribe cultures develop and evolve according to the law of natural selection. Tribes with better culture are more successful. However, the more a tribe succeeds, the more its members will blindly believe in the vision of its chief and provide him with docile obedience. Alas, no environment is static. It was true back then and its is even more true today. Therefore, the culture must adapt, or its competitive edge will vanish. The more obedient the members of a tribe are, the less likely they are to innovate, and contribute to the evolution of their tribe’s culture. The incentive to innovate in old tribes often comes from a newcomer which doesn’t share the cultural bias of other members. The leader may seize this opportunity or may disregard it and, even worse, interpret this initiative as a threat to its authority and punish the innovative member accordingly. Sometimes, it is not the leader but the long-time members who develop this feeling of threat, in which case they will urge the leader to expel the newcomer. Of course, this whole process will occur hypocritically in the back of the newcomer as followers don’t have the balls to face a leader.

Followers are no less intelligent than leaders. When their chief is wrong, they most often feel it, unless the culture of their tribe has wrecked their objectivity. However, as followers, they will not dare to confront the idea of their chief, but simply show less enthusiasm. In this way, the chief may sometimes understand the message without impinging on its authority, at least not ostensibly. But when the chief is too stubborn to twig the message, the followers will hypocritically behave like if they agreed. During my career, I have even seen leaders unconsciously hire dumb assistants to assert their superiority and justify their leadership. Such behaviour is not only counter-productive but it is also a lack of true leadership. Indeed, leadership is not about intelligence but about emotional intelligence.

Whether it prevents the corporate culture from evolving or it belittles the employees who stand out, hypocrisy is a human yet serious evil which undermines corporate growth. A good president should be humble enough to hear and even encourage the ideas of his subordinates – otherwise he will not exploit their full potential. As his business grows, his role as a leader becomes more to separate the good wheat from the chaff than to actually harvest himself. A good president should also soon detect and eliminate the cancer cells of hypocrisy before metastasis spread within its organization. It can be helpful to post signs on walls stating the mission of the company and worshiping straightforwardness, transparency and even courage and boldness. However, my personal experience is that the companies that do it paradoxically possess the most hypocritical staff. Is the poster a tentative remedy for hypocrisy or is it comforting denial? I couldn’t tell.

“Principals” from Ray Dalio is an excellent book on corporate transparency. Do not just read it. Apply it too.