Je
contribue à ma façon à la lutte contre l’obésité juvénile via mon livre, ma
conférence, mes articles et mes passages à la télé. Je ne peux donc que saluer
haut et fort les initiatives que prennent actuellement les gouvernements
provinciaux et fédéral en la matière, en plus de l’intervention du privé comme
la fondation Chagnon. Toutefois, je sursaute à chaque fois que j’entends leur
leitmotiv « moins gras, moins sucré ».
En effet,
il s’agit d’un non-sens scientifique : un aliment ne peut être à la fois
moins gras et moins sucré. Nos dirigeants auraient intérêt à réviser leur ABC
de la nutrition. Les aliments sont constitués de trois macroéléments : les
glucides (sucres), les lipides (gras) et les protides (protéines et acides
aminées). Le fromage Emmental figure
parmi les aliments présentant la plus forte teneur en protides soit 29%.
Presque tous les autres aliments en contiennent une moindre proportion. La
plupart des calories proviennent donc des gras et/ou des sucres.
En fait, il
ne s’agit pas de manger moins gras ou moins sucré mais de mieux choisir ses
gras et ses sucres. Un muffin moins sucré au goût ne contient pas
nécessairement moins de sucre. La farine ne contient que du sucre… mais non
sucré. Même le brocoli ne contient que des sucres… mais des bons sucres comme
pour la plupart des fruits et légumes.
Il en est
de même pour les gras. Aucun aliment n’est plus gras que l’huile d’olive. Pourtant,
ses gras sont essentiellement mono-insaturés, donc bons pour la santé. La
plupart des coupes de bœuf sont moins grasses que le saumon. Par contre, ce
dernier renferme plus de gras oméga-3, un excellent gras.
Moins gras
ne signifie pas nécessairement meilleur. Le yaourt allégé en est un exemple
patent. On y remplace le gras par de l’amidon de maïs pour conserver
artificiellement la texture désirée. Ce faisant, on fait bondir son index
glycémique et transforme en malbouffe un aliment qui était sain au départ.
Le chemin
le plus court vers l’obésité est paradoxalement une alimentation très pauvre en
gras. Non seulement l’organisme est alors privé d’acides gras essentiels à sa
régulation hormonale mais en plus, la surcharge glycémique qui en découle
fausse le mécanisme de satiété et favorise ainsi la surconsommation. Les agriculteurs
l’ont bien compris et nourrissent leurs
porcs exclusivement au grain afin de les faire engraisser le plus rapidement
possible.
Les
intervenants de la nutrition auraient donc avantage à soigner leur discours car
des incohérences comme celle que je dénonce ici finissent par miner la
confiance du public. Or, si la population décroche, toutes ces belles
initiatives de sensibilisation ne porteront que peu de fruits.
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